Carency, Notre-Dame-de-Lorette, Mont-Saint-Éloi, Ablain-Saint-Nazaire, Neuville-Saint-Vaast, Souchez, ces communes sont sous le feu acharné de l’ennemi.
Georges Hippolyte se prépare à l’attaque du 9 mai 1915.
« Je demeure trois jours entiers dans les tranchées de deuxième ligne, à environ un kilomètre au sud des lisières sud de Carency, pour y aménager un gîte-observatoire d’une extrême utilité pour le jour du combat. Cet observatoire consiste en une cavité de 1,75 mètre de hauteur, 1,50 mètre de largeur, 6 mètres de longueur, creusée à 2 mètres au-dessous de la terre, boisée, au fond de laquelle, par un petit puits intérieur, on peut hisser un périscope pour l’observation. Nous sommes ainsi, pour l’attaque, à l’abri de tous les calibres fusants et des percutants ne tombant pas dans nos escaliers d’accès. »
« À 6 heures du matin, le 9, la danse commence. L’ordre de bataille est le suivant :
À gauche, le 21e corps (comprenant notamment le 17e B.C.P. qui avait défendu Lille en octobre 1914), devant Aix-Noulette, sur Notre-Dame-de-Lorette et les pentes sud de Lorette.
À droite du 21e corps, le 33e corps (corps Pétain), le mien, composé de trois divisions : la 70e à sa gauche, commandée par Fayolle, placée devant Ablain, sur la crête 125 du Moulin Topart devant Carency et sur la lisière sud de Carency ; la 77e division, la mienne, entre Carency et Berthonval, commandée par le général Barbot, composée des 97e et 159e régiments d’infanterie, des 57e, 60e et 61e B.C.P., la seule artillerie légère est constituée par mon régiment ; la division marocaine, dans laquelle sont mélangés des éléments de la Légion étrangère qui a eu ses premières citations à cette époque-là.
À droite du 33e corps, le 20e corps, venu du front de l’Yser et s’étendant de Berthonval à la route d’Arras à Lens environ, devant Neuville-Saint-Vaast et Thélus.
À droite du 20e corps, le 3e corps, devant Écurie-Roclincourt, puis le 10e corps devant Arras. »
Réglage des hausses. À 7 heures, augmentation d’intensité du bombardement ; il devient considérable vers 9 heures et atteint son maximum vers 10 heures. La terre tremble, on ne s’entend plus, le vacarme est étourdissant. Les mines sautent, creusant des trous énormes. »
« Lundi 10 mai, après-midi : Sur l’avant, nous causions avec le général Barbot, commandant la division. Nous venions de nous séparer d’un quart d’heure quand un obus le tua. Je conversais avec lui quatre jours plus tôt près de notre observatoire. »
« Mercredi 12 : Le général Stirn qui le remplace, promu brigadier, puis fonctionnaire divisionnaire coup sur coup (un jour de fonctions de divisionnaire), est tué net d’un éclat d’obus à son poste de commandement à la villa Les Muguets. Le général Barbot s’était fait construire un petit observatoire surélevé contre le nôtre. Les Boches ont tiré dessus, probablement qu’il a été repéré le mardi et le mercredi. »
La bataille fait rage.
« Certains jours, des pièces ont tiré en quelques heures plus de 500 coups ! Les canons étaient brûlants, la peinture sautait et les tubes n’étaient pas refroidis après un repos et un aérage de six heures. »
« J’ai relevé le nombre d’obus tirés chaque jour par les trois batteries du groupe (en moyenne neuf pièces) depuis le 9 mai jusqu’au 18 juillet. J’ai atteint le chiffre de 50 878 obus, soit plus de 5 600 coups par pièce pendant la période considérée et plus de 700 coups en moyenne par jour (près de 80 coups par pièce et par jour). Les périodes les plus chargées ont été : 9/15 mai : 6 422 coups ; 23/26 mai : 4 676 coups ; 13/23 juin : 14 594 coups ; 9/18 juillet : 10 677 coups. Les journées les plus remplies ont été les suivantes : 9 mai : 1 597 coups ; 25 mai : 1 555 coups ; 16 juin : 3 373 coups ; 23 juin : 2 130 coups ; 13 juillet : 1 685 coups ; 14 juillet : 1 790 coups dont 1 000 obus à gaz. »
« Le 9, puis le 10, les défilés de blessés, les charcuteries de morts, les Boches massacrés. L’on marchait sur eux dans les tranchées mêmes, plusieurs jours après, alors qu’ils se décomposaient. »
Le cimetière a été créé en 1916 par les Anglais. Il regroupe 7 645 sépultures de la Première Guerre mondiale. Avant sa destruction en mai 1915, le Cabaret Rouge était un café-restaurant aux murs de briques et toit de tuiles situé à un kilomètre au sud de Souchez qui sera complètement anéanti lors des combats.
La Targette est un hameau de Neuville-Saint-Vaast. 11 443 soldats français sont morts lors de la Première Guerre mondiale au cours des violents combats de 1915.