Annie, ma sœur
Annie a écrit dans le forum des Jeudis muets : « Je suis Annie, la sœur de l’auteur. Avec elle, j’ai partagé les moments les plus difficiles de notre enfance à l’âge où les petites filles bercent leur poupée. Puis, nous avons traversé l’adolescence où les caractères se forment : le droit de juger, celui de ne pas être d’accord apparaissent. Un jour, j’ai pris le parti de tout oublier de cette vie passée, de construire un avenir professionnel, d’apprendre à construire un foyer où la haine n’existerait pas, où les enfants seraient élevés pour eux-mêmes pour qu’ils deviennent à leur tour des Hommes heureux de vivre, responsables de leurs choix et indépendants.
Ce chemin, même s’il était tout tracé, n’était pas forcément des plus faciles après tant de tourmentes. Il m’a bien fallu trente ans pour faire le vide, pour tout oublier du passé. Aujourd’hui, je peux lire Les jeudis muets avec sérénité, même si je garde en moi le sentiment de honte d’avoir vécu ces sinistres années. Mais que pouvions-nous faire de plus ? Ce livre, même s’il est un témoignage, est aussi écrit avec beaucoup d’humour, ce qui lui confère une certaine légèreté. J’attache un intérêt tout particulier à la construction des phrases, les termes employés. À travers ce livre, on découvre aussi notre région, la Normandie, avec son patois (retraduit !), ses habitudes de l’époque (les années 60 !). Il rend hommage à nos grands-parents, des gens qui ont travaillé dur toute leur vie, dans des métiers qui aujourd’hui n’existent plus (casseur de cailloux !). Ce témoignage est aussi un exemple pour nos jeunes : celui qui veut s’en sortir, le peut, même s’il a traversé des périodes difficiles. Avec le courage, la volonté, on pourrait abattre des montagnes. »
« L’esprit créatif, nous l’avons eu très jeunes. C’était notre façon de réussir devant les punitions et les privations. Notre mère était bonne couturière. Malheureusement, elle ne nous a rien montré ! Cependant, en la regardant faire, j’ai goûté au plaisir de voir que l’on peut créer de belles choses à partir d’une simple étoffe. La passion l’a emporté, j’ai la chance de pouvoir la réaliser. Quand je suis dans mon atelier, devant mes caisses de tissus dont je prends tant de soin pour ne pas les défraîchir, quand je suis devant ma modeste machine à coudre, l’esprit voyage et j’imagine la transformation de ces étoffes en des articles uniques. Je pratique cette activité depuis plusieurs années, et lorsque je réalise une vente, je suis encore bouleversée comme lors de ma première vente. Comme si, aujourd’hui, j’avais vaincu toutes ces années où l’on m’avait rabâché que j’étais « propre à rien ». J’ai peut-être gardé en moi cet esprit de petite fille qui attend son image parce que son travail est bien fait et juste. Eh bien oui, l’être humain a besoin d’être valorisé pour avancer ! La reconnaissance est nécessaire à la motivation. »
Annie et moi étions deux sœurs soudées dans l’adversité, pleines d’optimisme et d’espérance malgré tout. Nous partagions les rires et les larmes, nous savions que le bonheur viendrait jusqu’à nous lorsque nous en aurions fini avec notre enfance, nous nous projetions sur l’avenir. L’avenir ne nous a pas déçues, nous avons cueilli toutes les joies de la vie et nous les cueillons encore à travers ceux qui nous sont chers. Parmi ces joies se trouvait la volonté de créer. Créer pour oublier, créer pour exister, créer pour être soi, Annie par le jeu des couleurs et des étoffes et moi par la musique des mots.
Annie achète ses tissus sur des coups de cœur. Puis elle les laisse sommeiller dans des caisses d’Ali-Baba jusqu’à ce que son imagination se mette en marche au contact des matières, imprimés, coloris. Et la voilà qui se penche sur sa table de travail, coupe, épingle, faufile, donne une forme à ses étoffes qu’elle transforme en objets. Ses créations sont uniques, son travail artisanal, la technique maîtrisée, sans cesse améliorée grâce à l’expérience. Elle recherche la perfection, elle attache une valeur aux belles choses. Son œil de lynx est sans concession pour la confection de masse qui nous arrive en milliers d’exemplaires stockés dans d’immenses conteneurs avec des imperfections, des défauts, des compléments de mauvaise qualité, qui en diminuent la valeur. Son travail n’a rien à voir avec une production à grande échelle. Elle est désintéressée, elle prend son temps, le résultat la comble ou la chagrine, la satisfaction de ses clients est primordiale. Celui-ci lui fait confiance, il apprécie la finesse, l’esthétique et l’originalité de la réalisation.
Annie présente ses produits sur le site Fait-Maison :
annie-couture.fait-maison.com
Céline, ma nièce
Céline est la fille de ma sœur Annie. Passionnée d’art elle l’exprime à travers la création de bijoux, d’accessoires de coiffure, d’objets de décoration, la photographie, le dessin, la poésie, les friandises, elle est continuellement à la recherche de nouvelles formes d’expression artistique.
Guidée par une volonté d’embellir la vie quotidienne, elle joue avec les objets, les matières, les textures, les formes, les couleurs, les ombres et les lumières, les mots. Elle détourne les objets de leur origine pour les utiliser en tant que matériaux et allie les acryliques et résines, le métal, fils de cuivre, feuilles d’or ou d’argent, le bois, le verre, les pierres, le tissu, les plumes, la nacre… Chics et sobres, délicats et légers, ses poly-bijoux vous mettent en beauté. Sous ses doigts, la beauté éclot, puis éclate. Chaque production devient une œuvre d’art unique.
La nature et Céline vivent en parfaite harmonie, elles se découvrent et se comprennent. La nature sert de modèle à Céline, elle puise son inspiration dans chaque élément qu’elle transporte dans son art. Son environnement participe à son esprit imaginatif perpétuellement en éveil. À travers son art, elle nous dévoile qui elle est, elle nous communique sa façon de voir le monde qui lui est propre.
Écoutons Céline : « La création est un moyen d’expression à part entière qui peut véhiculer tant de messages, d’émotions et dévoiler le vécu d’une personne. Il faut avoir du courage pour accepter de livrer un petit bout de soi et ce, quel que soit le moyen artistique. Mais il en faut encore plus pour affronter le regard critique et parfois acerbe des observateurs qui ne se rendent plus compte de ce qu’est le travail manuel et de l’énergie que cela demande.
Avoir des parents créatifs est un cadeau pour les enfants et leur entourage, car il émerveille et ouvre l’esprit aux mille et une possibilités qui gravitent autour d’un objet, d’une idée, d’un mot, d’une couleur, d’une forme, d’une matière, de la vie… De grandes œuvres naissent souvent d’un lourd passé. S’exprimer c’est vivre ou revivre. J’ai eu la chance que mes parents me laissent développer mon esprit créatif et je ne pourrai pas vivre sans créer, car c’est ce qui me permet d’exister. Du négatif naît le positif. De la destruction humaine renaît la beauté de l’être. Cultivons nos expressions artistiques. »
En cliquant sur ce lien, vous entrerez dans l’univers de Céline :
http://lespolyfoly.free.fr/
De plus en plus, les psychothérapeutes utilisent la création artistique de leurs clients pour les soigner. L’art-thérapie est un moyen de les aider à s’exprimer, à dépasser leurs difficultés ou surmonter leur mal-être. Céline aurait pu devenir art-thérapeute et animer des ateliers d’art-thérapie, mais elle a choisi une autre voie.