Toute une histoire était une émission de télévision présentée par Sophie Davant du lundi au vendredi sur France 2 jusqu’en juin 2016. Elle y traitait des sujets de société en interviewant des invités qui témoignaient de leur vécu et de la manière dont ils ont pu surmonter leurs difficultés. Sur le plateau, un psychologue élargissait le débat.
« Qui sont ces mères qui maltraitent leurs enfants » était le thème débattu le jeudi 26 mars 2015. Trois mamans maltraitantes ont témoigné de leur relation violente avec leur enfant et deux enfants devenus adultes, ayant subi la maltraitance physique doublée d’une maltraitance psychologique : ma sœur Annie et moi-même.
Un enfant sur dix déclare avoir été victime de maltraitance de la part d’un adulte. Il y en aurait bien plus que l’on ne croit dans la mesure où un certain pourcentage d’enfants victimes de maltraitance devenus adultes ont honte d’en parler. Selon l’association L’Enfant Bleu, 60 % des enfants maltraités gardent le silence à l’âge adulte sur la violence qu’ils ont subie.
Par notre participation à l’émission nous voulions démontrer que ces enfants maltraités devenus adultes doivent témoigner de ce qu’ils ont vécu. Il est urgent qu’ils soient écoutés, entendus, délivrés de leur secret. Ce sont eux qui feront évoluer les mentalités, modifier les comportements, qui feront prendre conscience que gifler, fesser et humilier un enfant le détruit, que la violence doit être bannie de l’éducation.
L’émission m’a enseigné que certains professionnels de l’aide, pourtant aguerris aux situations difficiles, éprouvent des difficultés à regarder la maltraitance infantile en face et qu’ils ont besoin de s’en protéger. Les mots de la maltraitance seraient-ils trop effrayants, trop dérangeants ? Dans ce cas, quel secours peuvent attendre les enfants victimes ?
Annie et moi, nous sommes fières d’avoir été les porte-parole de ceux qui se taisent et d’avoir contribué à lever le voile sur la maltraitance, fières que Sophie Davant ait osé traiter un sujet sur lequel notre société garde le silence.