Le 10 septembre 1917, Georges Hippolyte apprend sa nomination à Boulogne-sur-Mer, détaché comme adjoint au délégué des Charbons qui dépendent du ministère de l’Armement. Il sera responsable des approvisionnements et des relations commerciales. Le 5 octobre, il reçoit l’ordre de partir après mise au courant de son successeur et passage des consignes. Il part à Boulogne le 9. Le voilà sorti de l’enfer. Il a de l’expérience en matière de charbon puisqu’avant l’appel il travaillait à la Compagnie des Mines de Douchy depuis le 1er juin 1908. Celle-ci exploitait le charbon dans les communes de Lourches, Douchy-les-Mines, Haulchin et Rœulx. Georges, ingénieur des Arts et Manufactures, issu de l’École Centrale, était attaché au service commercial et approvisionnement de la Compagnie. À Lourches, son village, il y a quatre mines : la mine Schneider, la mine Saint-Mathieu, la Naville et l’Éclaireur. La fosse Schneider reprend de l’activité en 1907, plus profondément grâce aux nouvelles technologies. Avant cette date, elle s’appelait fosse Sainte-Barbe et avait été abandonnée en 1886 par épuisement du gisement. Elle devient la plus importante fosse de la Compagnie. Mais la France ne produit pas assez de charbon pour sa consommation, elle en importe environ un tiers qui provient d’Angleterre, d’Allemagne et de Belgique.
La Première Guerre mondiale bouleverse les pratiques professionnelles. L’ennemi envahit le Nord et le Pas-de-Calais, les mines de Douchy sont bombardées, pillées, les installations dévastées. Dans leur ensemble, les mines du Nord et du Pas-de-Calais tournent au ralenti et il est impossible à la France de s’approvisionner en Allemagne et en Belgique. La pénurie de personnel et de transport entraîne une pénurie de charbon et l’augmentation des prix. Dans ce marché perturbé, en juillet 1917, Louis Loucheur, ministre de l’Armement, renforce le rôle du Bureau National des Charbons qui réglemente la production, la consommation, la répartition, les prix.
Le 6 mai 1916, Georges écrit à Marie-Thérèse : « J’approuve ta décision d’acheter du charbon en gros. Par ici, il revient à 120 francs la tonne ! »
En janvier et février 1917, un froid intense sévit dans le Nord et l’Est. Les canaux sont gelés, l’approvisionnement en charbon est rendu difficile. Il est un véritable casse-tête pour Georges et Marie-Thérèse. Le mot charbon figure dans presque toutes ses lettres entre janvier et juin 1917. Et Marie-Thérèse court après l’achat d’un poêle introuvable.
11 février 1917 : « Si tu ne peux plus être livrée en charbon et coke, que vas-tu devenir sans feu, j’en suis attristé, vous tomberez tous deux malades. Groupez-vous à plusieurs familles pour réduire le nombre de feux allumés à la fois. La municipalité et monsieur Risbourg se démènent-ils pour ce problème de combustible ? Le bois ne manque pas dans les forêts voisines, mais ne t’amuse pas à en ramasser, tu n’en auras jamais assez pour te réchauffer. »
À Boulogne-sur-Mer, Georges s’installe au 61, rue Thiers pour peu de temps : « Mes chers parents, nous avons enfin trouvé un appartement. Ça n’est pas le rêve, mais il ne faut pas être trop difficile », puis au 35, rue de la Paix vers 1920.
La Maison Mory est fondée en 1804 à Calais par Nicolas-Toussaint Mory, une modeste entreprise de transport routier et maritime entre la France et l’Europe qui se diversifia rapidement. Après son décès en 1824, son fils, Nicolas-Jean-Baptiste Mory prend la tête de l’entreprise, installe une succursale à Boulogne-sur-Mer qui devient plus importante que l’établissement de Calais, tellement les besoins en charbon sont considérables, et le plus gros importateur pour le Nord de la France. Boulogne est un endroit stratégique pour développer les relations commerciales entre la France et l’Angleterre qui est le plus gros producteur au monde. L’entreprise a pignon sur le port avec sa flotte charbonnière à quai.
Dans les années de présence de Georges, la Maison Mory possède des succursales à Paris, Marseille, Rouen, Dieppe, Le Tréport, Saint-Valéry-sur-Somme, Dunkerque, Calais, Le Havre, Bordeaux, Lille, Sedan, Anvers, Alger, Casablanca, Port-Lyautey, Dantzig, Londres, Reykjavik.
L’activité charbonnière n’est pas sa seule activité. Elle développe le transport de marchandises dans toute la France, l’Algérie et le Maroc.
En 1922, elle confie à Georges la direction de sa toute nouvelle succursale à Amiens sous forme d’une direction commerciale. Il s’installe définitivement dans cette ville au 61, rue des Jacobins, siège de la succursale.
Un site complet à visiter, celui de Pascal. En hommage à son père qui fut routier dans l’entreprise Mory de 1966 à 2004, il a rassemblé photos et textes pour nous la faire découvrir. Son premier site étant saturé, il nous dirige vers un second site pour un complément d’information, car Pascal, tel un collectionneur, est toujours à l’affût d’une pièce qu’il ne possède pas et qu’il saura illustrer.
http://monpere-routier.e-monsite.com/pages/mory-jadis.html